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La Famille Tenenbaum (The Royaul Tenenbaum) de Wes Anderson

Une famille américaine de génies (si, cela existe) richissime et névrosée se recompose tant bien que mal dans un New York imaginaire (la 375ème rue, avenue Y pour être imprécis) autour d’un père fantoche qui donne son nom au titre-jeu de mot (Royal est le prénom du père, en même temps qu’une référence à une improbable famille royale). Les personnages en sont décrits dès l’ouverture selon un montage délibérément télévisuel ponctué d’une voix-off tantôt hilarante, tantôt horripilante. Ainsi, deux des enfants surdoués campent une nuit dans l’aile africaine des Archives nationales : Wes Anderson vise l’ effet comique d’un intellectualisme somme toute exotique aux Etats-Unis tout en rendant un hommage affectueux à Truffaut, qu’il vénère. Jamais installé dans le cynisme d’un Todd Solondz, Anderson s’en sort plutôt bien au début, car la cohabitation forcée de la famille fait entrer en collision leurs psychés déjantées moins selon un point de vue freudien que sous l’œil d’un enfant pervers observant les insectes qu’il a mis sous verre s’ébattre et s’entredévorer. Voici donc Margot (Palthrow), compulsivement secrète (la trentaine, elle fume depuis qu’elle a 12 ans mais met un point d’honneur à le cacher), Chas (Ben Stiller), obsédé par la mort, entraînant ses enfants à des exercices d’évacuation en pleine nuit ; ou encore – la meilleure pioche peut-être en salaud pitoyable – le père (Gene Hackman) qui veut racheter son retour en famille en se prétendant mourant (ses pilules s’avèrent être des tic-tac). A côté d’eux, l’aveu de la mère (Anjelica Huston) de n’avoir pas fait l’amour depuis 18 ans paraît d’une normalité maladive. Un « tableau de famille » un peu indigeste, sur des extraits de chansons des Beatles qui alourdissent la bande-son, mais dont le ton dépressif parvient à transmettre un désoeuvrement existentiel d’enfant seul que les anglophones appellent « ennui ». Dans l’affaire, le roman familial n’est pas seulement celui de chaque personnage (enfant naturel ou adopté), c’est aussi le rapport nostalgique et flou d’un jeune réalisateur quant à son propre univers de référence, de Welles à Scorsese, de Jules et Jim au Feu follet et de Ravel à « These Days » de Nico.

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